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Laurence H. Traductions
6 juin 2016

"Sálvame, Joe Louis" d'Andrés Felipe Solano (Colombie)

Je me propose de déposer ici les quelques idées/projets sur lesquels j'aimerais beaucoup travailler... N'hésitez pas à me contacter si l'un d'entre eux vous parle !

Je vous avez déjà parlé d'Andrés Felipe Solano et de son deuxième roman "Los hermanos Cuervo". Voici donc quelques mots sur son premier roman...

salvame_joe_luisAndrés Felipe Solano est un jeune écrivain colombien (Bogotá, 1977) distingué par la revue Granta en 2010, qui commence à être connu aussi bien pour ses chroniques journalistiques que pour ses romans. María Inés McCormick l'avait interviewé pour Version Libre !



Sálvame, Joe Louis est son premier roman paru en 2007. Il a été suivi de Los hermanos Cuervo en 2012 et par Corea : Apuntes desde la cuerda floja en 2015 (qui a reçu le Premio Biblioteca de Narrativa Colombiana de la Universidad EAFIT).




Dans ce premier roman, le narrateur et personnage central s'appelle Boris Manrique et il semble être un alter ego de l'auteur. Même âge, même métier ou presque ; Boris est photographe pour une revue people, puis on lui colle la responsabilité de la chronique courrier du cœur pour laquelle son nom de plume est Docteure Victoria Zúñiga, psychologie et sexologue. La vie de Boris est un peu vaine et, au cours d'un zapping télévisé nocturne, il tombe sur l'histoire de Cornelio Zubizarreta qui le bouleverse : lui qui a vingt-deux ans devra-t-il donc supporter de vivre aussi longtemps que ce tailleur catalan qui est mort à 117 ans en ayant survécu à deux guerres mondiales, trois épouses, des milliers de cigarettes, plusieurs piscines de jerez, quatre enfants et à tous ses amis ?!? Le gouffre devant Boris est immense.

Le récit de Solano est en fait composé d'une multitude d'histoires qui viennent s'imbriquer dans celle de Boris. Le rythme est assez trépidant, on ne voit pas bien où il va – c'est la vie ! -, mais on se laisse mener avec plaisir. Boris cherche sa voie, cherche l'amour, cherche sa vie. Le ton est léger, parfois sarcastique, souvent plein d'humour. En prime, on parcourt avec plaisir la ville de Bogotá au gré des reportages et des sorties de notre héro pas héroïque pour deux sous….

« La narration – hilarante, menée sur un rythme irrésistible et libre de toutes fausses prétentions – emporte avec fluidité le lecteur au fils des tribulations de Boris, et elle les rend complice de la rencontre de ce personnage avec la vie tandis qu'il semble chercher partout le visage de la mort.

Irrévérencieux. Réfléchi. Ingénieux et subtil, mais surtout passionné et honnête dans son écriture, Andrés Felipe Solano réussit, avec l'ensemble des histoires divertissantes qui s'articulent autour des pérégrinations et des affabulations du protagoniste, un roman rafraîchissant, incroyablement original et profond. » (extrait de la 4ème de couverture)




Deux courts extraits pour vous faire une idée !

« Padece algo similar a un enamoramiento, señor Manrique, sentencia el doctor Carmona al aire, y me parece terrible. Mil veces prefiero la más baja de las lujurias a creer que el amor llega a salvar mi vida como un ungüento. Ya me ha pasado, y las consecuencias han sido escabrosas. El amor es todo menos tranquilidad y paz. El amor tiende una bruma sobre todas las cosas, las vuelve mentirosas, las empaña. Me inquieta verme tocándoles la cabeza a los niños en los parques, sonriéndoles a las flores, a las amas de casa que lavan con manguera roja y verde el garaje de su casa. Me preocupa andar por la arena con una camisa blanca abierta hasta el ombligo. El amor es una propaganda de detergente, de limpiador de la que no quiero ser protagonista. » (p. 114)

« Vous souffrez de quelque chose similaire à un amourachement, monsieur Manrique, jugea rapidement le docteur Carmona, et ça me semble terrible. Je préfère mille fois la plus basse des luxures à la croyance que, telle une pommade, l'amour va venir sauver votre vie. Ça m'est arrivé et les conséquences ont été dramatiques. L'amour c'est tout sauf la tranquillité et la paix. L'amour pose un voile sur tout, rend tout mensonger, ternit tout. Je m'inquiète quand je me vois toucher la tête des enfants dans les parcs, sourire aux fleurs, aux maîtresses de maison qui lavent leur garage avec un tuyau rouge et vert. Ça me fait peur de me voir marcher dans le sable, la chemise blanche ouverte jusqu'au nombril. L'amour c'est une pub pour lessive ouproduit ménager, et je ne veux pas jouer dedans.»



« - Hoy no está tan charlador como la vez pasada.
- Pura falta de psicotrópicos.
- Cierto. Nunca me llamó para que probáramos la marihuana de Tabio. Ya se me está acabando.
- No sabía su teléfono. Además, he estado muy ocupado.
La frase sale de mi boca y me deshago al tiempo.
- Veo.
No decimos más. Mientras tanto una manada de lobos de la estepa aúlla en mi cabeza. Los santos padres inquisidores aceitan sus máquinas de tortura, preparan sus cabras para que me pelen con sus rasposas lenguas las plantas de mis pies, previamente untadas de sal. Los pelotones de fusilamiento de los ejércitos del mundo les quitan el seguro a sus bayonetas, un grupo de samuráis discute si tengo el derecho a que se me corte la cabaza después de semejante hara-kiri tan penoso, o si me dejan tirado y deshonrado sobre mi tatami sucio. Las campanas empiezan a doblar por mí.” (p.124)

« - Vous n'êtes pas aussi bavard que la dernière fois aujourd'hui.

- Simple manque de psychotropes.

- C'est sûr. Vous ne m'avez jamais rappelée pour qu'on essaye ensemble la marijuana de Tabio. Je l'ai presque terminée.

- Je n'avais pas votre numéro de téléphone. En plus, j'ai été très occupé.

La phrase a jailli de ma bouche et je me suis aussitôt liquéfié.

- Je vois.

Nous n'avons rien ajouté. Et pendant ce temps-là, une bande de loups des steppes s'est mise à hurler dans ma tête. Les saints pères de l'Inquisition se sont mis à huiler leurs appareils de torture, ont préparé leurs chèvres pour qu'avec leur langue rappeuse elles m'épluchent les plantes de pied préalablement enduites de sel. Les pelotons d'exécution de toutes les armées du monde ont enlevé les crans de sûreté de leurs baïonnettes, un groupe de samouraïs s'est concerté pour savoir si j'avais le droit que l'on me coupe la tête après ce simili hara-kiri si poussif, ou s'ils me laisseraient en plan et déshonoré sur mon tatami crasseux. Les cloches se sont mises à résonner en moi. »

 

 

Je profite aussi de l'occasion pour vous présenter un nouveau blog qui se propose de parler en français de livres et d'auteurs latino-américains non encore traduit en français... Il s'agit de Les Lettres de mon Trapiche (j'adore ce nom ;o) !)...

 

 

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